La
« Calligraphie en composition libre »
Chirashigaki 散らし書き
Le stage d’été de calligraphie japonaise s’est tenu à Oshinkan du 30 juin au 5 juillet 2013.
La « Calligraphie en composition libre » (Chirashigaki, 散らし書き) a été abordée à partir de trois manuscrits datant du Xe et XIe siècles se présentant sous forme de fragments calligraphiés sur feuille de format carré nommé Shikishi, 色紙. Les participants ont calligraphié d’après une sélection de manuscrits et ont ainsi appris à apprécier les principes de la composition libre.
Le programme du stage comprenait l’apprentissage des signes phonétiques (Kana, 仮名) et de leurs variantes (Hentaigana, 変体仮名 et Sôgana, 草仮名), l’étude des idéogrammes en style cursif (Sôsho, 草書), ainsi que la calligraphie des liaisons entre les signes en colonne, enfin, la composition de ces différents éléments sur la page. La pratique était complétée en soirée par des cours théoriques portant sur l’histoire de la « Calligraphie de style japonais » (Wayô, 和様) et sur les anciens fragments de « Calligraphie en composition libre » (Chirashigaki, 散らし書き).
Certains stagiaires étudient la calligraphie depuis vingt ans, d’autres depuis deux ou trois ans seulement : tous ont réussi au cours du stage à rendre l’effet de la « Calligraphie en composition libre » en suivant la méthode d’apprentissage de la calligraphie d’après manuscrit.
Les photographies ci-dessous présentent les calligraphies réalisées par Claire Seika durant le stage. Elles offrent un échantillon de composition libre d’après les trois manuscrits étudiés en stage : Sunshôan Shikishi (寸松庵色紙), Tsugi Shikishi (継色紙) et Masu Shikishi (升色紙).
秋の夜は
つゆこそことに
わびしけれ
くさむらごとに
つゆ(むし)のわぶれば
Nuit
d’automne
La
rosée vraiment
Semble
froide
Et
dans chaque touffe d’herbe
Les
insectes chantent avec tristesse
(Kokinshû,
199)
おく山に
もみじふみわけ
なくしかの
こえきくときぞ
あきはかなしき
Dans
les montagnes profondes
Se
frayant un chemin dans les feuilles mortes
Lorsqu’on
entend
Le
brame du cerf
L’automne
est triste
(Kokinshû,
215)
めずらしき
こえならなくに
ほととぎす
ここらのとしの
あかずもあるかな
Son
chant pourtant
N’est
point rare
Le
coucou
Mais
chaque année
Je
ne m’en lasse pas
(Kokinshû,
359)
あたしこころを
わがもたば
すえの松山
なみもこえなむ
Si
je te laissais
Et
t’étais
Infidèle
Alors
les vagues atteindraient le sommet
De
la montagne lointaine des pins
(Kokinshû,
1093)
はるゆきのふるひ
かきくもり
ふゆにおくれて
ふるゆきの
はるともみえて
今日くらしつつ
Au
printemps, un jour où tombe la neige.
Le
ciel s’assombrit
En
retard pour l’hiver
Ce
printemps
Tombe
la neige
Et
je passe le jour à la regarder tomber
(Fukayabushû)
かみないのやますぎてたつたがわをわたるにもみじのながるるをみて
かみないの
やまをすぎゆく
あきなれば
たつたがわにぞ
ぬさはかずける
En
passant par la montagne où séjourne la divinité, au moment de
traverser la rivière Tatsuta, je vois des feuilles rouges couler sur l’eau.
À
l’automne
Au
delà de la montagne
Où
séjourne la divinité
La
rivière Tatsuta
Est
recouverte d’une offrande de brocard
(Kokinshû,
300)
Revue de l'Institut Tôkashoin, numéro 917, septembre 2013
rapport de stage