mercredi 28 juin 2023

Tenshin Bukô-ryû Heihô - 天真武甲流兵法 Historique et Curriculum


Tenshin Bukô-ryû Heihô

天真武甲流兵法

  

1- L’historique de Tenshin Bukô-ryû Heihô

La tradition martiale Tenshin Bukô-ryû Heihô puise ses racines dans Toda-ryû sôgôbujutsu (tradition martiale complète d’armes) créé par Toda Seigen pendant l’intense période de guerres civiles appelée Sengoku jidai (1490-1600). Toda Seigen avait étudié Chûjô-ryû (tradition martiale de kenjutsu fondée au XVe siècle par Chûjô Hyôgo no Kami et dont la spécialité était le kodachi (sabre court), avant de créer sa propre tradition. Une maladie des yeux le rendit aveugle. De ce fait il transmit Toda-ryû, tradition familiale, à son frère cadet et se fit moine.

C’est durant la période Edo (1600-1868) que la branche Bukô-ryû, sous la direction du treizième sôke, Suneya Ryôsuke Takeyuki (1795-1875), se sépare de la tradition principale, quitte la préfecture de Fukui (anciennement Echizen) et part s’installer sur le mont Bukô (préfecture de Saitama) où elle se spécialise dans la naginata (hallebarde). La tradition s’appelle alors Toda-ha Bukô-ryû. Malgré cette spécialisation, Toda-ha Bukô-ryû a conservé dans son cursus l’étude d’autres armes : tachi (sabre), yari (lance), kusarigama (faucille avec chaîne et poids) et (bâton).

Le 19 octobe 2008, Nakamura Yoichi sensei a succédé à feu Nitta Suzuo sensei, 19e sôke de Toda-ha Bukô-ryû, maître de Simon Pierre Iwao et de Simon Claire, Nitta Suzuo sensei étant décédée le 1er juin 2008. Nakamura Yoichi sensei, sôke de la 20e génération, étant décédé le 28 août 2012, la tradition Toda-ha Bukô-ryû est désormais sous la direction du sôke-dairi, Kent Sorensen. Afin de signifier le renouveau de notre tradition, Sorensen sensei lui a donné en 2022 le nom suivant : Tenshin Bukô-ryû Heihô - 天真武甲流兵法. Sorensen sensei est soutenu par les shihan (instructeurs dûment certifiés) exerçant à travers le monde : Ellis Amdur, Meik Skoss, Liam Keeley et Claire Simon.

 

                                       Nitta Suzuo sensei et Simon Claire, Sanctuaire Meiji, 1987


  Film :

Démonstration Tenshin Bukō-ryū Heihō - 天真武甲流兵法, Budokan, 17 mars 1991 

 

 Simon Pierre Iwao et Simon Claire, Oshinkan

 

 

 Simon Pierre Iwao Shihan, 2011

 

 

 
 La pratique à Oshinkan, 2012
 
 

La pratique à Oshinkan, 2013

 


 
La pratique à Oshinkan, 2013
 
 

 
La pratique à Oshinkan, 2013
 
 

 
La pratique à Oshinkan, 2013
 
 
 

 Ellis Amdur Shihan, Oshinkan, 2015
 
 
 

 Ellis Amdur Shihan, Oshinkan, 2015
 
 
 

 
La pratique à Oshinkan, 2016
 

2- Le cursus de Tenshin Bukô-ryû Heihô

Le curriculum de Tenshin Bukô-ryû Heihô se divise en 2 parties : le Hon mokuroku et le Betsu mokuroku.

Étudié en premier, le Hon mokuroku constitue la partie principale de l’école et met l’accent sur le développement de la dextérité à manier la naginata, spécialité de l’école. Composé de 36 kata centrés sur la naginata ou la kagitsuki naginata (naginata dont la lame est traversée par un butoir métallique servant à stopper ou rabattre une lame adverse), il se divise en 3 niveaux répartis comme suit : 


1. Shoden : transmission de base

Ce niveau comprend l’étude des séries :

  • Tachi awase no koto : naginata contre sabre (5 kata)
  • Ai naginata no koto : naginata contre naginata (11 kata)

 

2. Chûden : transmission intermédiaire

Ce niveau comprend l’étude des séries :

  • Yari irimi no koto : naginata contre yari (5 kata)
  • Kusarigama aiki no koto : naginata contre Kusarigama (5 kata)

 

3. Okuden : transmission profonde

Ce niveau comprend l’étude des séries :

  • Kagitsuki naginata Tachi awase no koto : naginata « spéciale » contre sabre (5 kata)
  • Kagitsuki naginata Yari awase no koto : naginata « spéciale » contre yari (5 kata)


Étudié de manière secondaire, le betsu mokuroku constitue un curriculum séparé où le pratiquant utilise le sabre, arme centrale pour le guerrier classique japonais, ou toute autre arme pouvant lui être opposée. Considéré comme un curriculum de recherche, il n’est enseigné qu'au pratiquant de bon niveau.

Le Betsu mokuroku se compose de 3 séries :

Bojutsu Goten Bunrei : Bô contre sabre
Kusarigama Tachi Goten Bunrei : Kusarigama contre sabre
Nagamaki Gokui Goten Bunrei : Nagamaki contre sabre

 

Bojutsu Goten Bunrei : Bô contre sabre, Oshinkan 2019

 


 Bojutsu Goten Bunrei : Bô contre sabre, Oshinkan 2019

 

Bojutsu Goten Bunrei : Bô contre sabre, Oshinkan, 2019

 
 

Kusarigama Tachi Goten Bunrei : Kusarigama contre sabre, Oshinkan 2020

 

3- L’entrainement selon la tradition Tenshin Bukô-ryû Heihô

Après une période passée à se familiariser avec le maniement de la naginata grâce à la pratique de mouvements de base simples (kihon), le développement et le perfectionnement du pratiquant se fait au moyen de la répétition inlassable des kata composant le curriculum de l’école. 


Quel que soit son niveau, le pratiquant continuera cependant à pratiquer les kihon tout au long de sa vie. Les kata se pratiquent à deux et opposent shidachi à ukedachi.

  • Shidachi, est littéralement « le sabre qui fait » ou « la lame qui fait ». Il est le novice, celui qui exécute les techniques de l’école et apprend le maniement de la naginata.
  • Ukedachi, est littéralement « le sabre qui reçoit ». Il est l’initié, celui qui aide shidachi et le conduit sur le long chemin rigoureux de l'apprentissage. 

Pour un observateur extérieur, lors de l’exécution d’un kata, shidachi gagne et ukedachi perd. C'est évidemment intentionnel : ukedachi accepte de perdre pour développer les qualités physiques et morales exigées d’un bon shidachi et a en ce sens un rôle essentiel. En effet, c’est grâce à ukedachi que shidachi pourra développer engagement, endurance, persévérance, combativité, compréhension des notions de rythme, de distance de combat, d’entrée et d’ouverture, de contrôle de l'adversaire, de contrôle respiratoire, de concentration, en sus des qualités techniques inhérentes à un bon maniement des armes.

Pour attirer shidachi jusqu’à son propre niveau et même le pousser au-delà, ukedachi doit, en plus de qualités techniques et mentales éprouvées, posséder un « cœur » humble et large. Ce n’est qu’à cette condition que shidachi aura toutes les chances de devenir lui aussi un bon ukedachi. Ainsi, plus qu’une opposition au sens strict, shidachi et ukedachi ont pour rôle de se compléter réciproquement.

 

 

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